Tu l’as écrit en combien de temps ?
Cette question revient souvent. Comme si, derrière la parution d’un roman, se cachait l’une des peurs les mieux partagées : celle de se donner du temps pour ne rien faire. Rien faire d’autre que créer. Créer sans objectif. Se déconnecter totalement de la réalité ambiante. Oser « perdre son temps ». Pour rien. Rien d’autre que se connecter à ses immensités intérieures.
J’ai écrit mon premier roman, « La femme qui voulait vivre » en deux mois ! Deux mois d’été comme un feu brûlant, une nécessité absolue d’écrire, de sortir des chemins d’essais si souvent abandonnés par manque d’inspiration, de confiance, de temps… Oser écrire sans style pour faire émerger l’histoire, ses personnages. Ciseler ensuite chaque phrase jusqu’à son propre point d’équilibre ou de déséquilibre. Je suis sortie de cette transe, totalement hébétée d’avoir trouvé la musique de mon écriture. D’avoir mis un point final à toutes mes hésitations. Les mois ont passé à la vitesse du son. Les signatures, les articles, les retours de lecteurs, la sélection pour un Prix… tout est allé si vite. Je n’ai pas eu le temps de savourer.
Pourquoi écrire ? Pour être lu ? Pour être lu, il faut être visible. Apprendre à parler publiquement de ce que l’on a écrit discrètement. Pause.
Je viens d’écrire mon second roman « Terre mère ». En sept ans ! Sept ans d’une lente gestation, chaque phrase ayant pris le temps de venir au monde au gré des aléas de ma vie. La lenteur a eu raison de mon impatience car au fond de moi bouillonnait toujours cette urgence d’écrire. Quelle expérience ! J’aime ce roman. Je le trouve abouti. Il a l’âge de raison ! En combien de temps écrirai-je le prochain ? Quelle question !!!